Pétrole: l'Opep+ augmente légèrement sa production pour le mois de novembre

Ryad, Moscou et six autres membres de l'Opep+ ont décidé lors d'une réunion en ligne dimanche d'augmenter leurs quotas de production pour le mois de novembre, dans le sillage de leur stratégie de reconquête de parts de marché adoptée depuis avril.
"Les huit pays participants ont décidé de mettre en œuvre un ajustement de la production de 137.000 barils par jour" en novembre par rapport au niveau de production requis en octobre, a précisé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) via un communiqué.
Il s'agit d'une augmentation plus modérée que certains ne le prédisaient, décidée afin d'éviter une dégrindolade des cours face à une demande en berne.
Le groupe des huit "a agi avec prudence après avoir constaté à quel point le marché était devenu nerveux" face aux rumeurs de presse qui évoquaient la possibilité d'une hausse bien plus importante, de 500.000 barils par jour, confirme auprès de l'AFP Jorge Leon, analyste de Rystad Energy.
L'Opep+ "calme les esprits, pour l'instant", estime M. Leon, mais le "groupe évolue sur une corde raide entre le maintien de la stabilité des prix et la reconquête de parts de marché" dans un contexte d'excédent de l'offre par rapport à la demande.
En quelques mois, l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et l'Algérie ont déjà rehaussé leurs quotas de plus de plus de 2,5 millions de barils par jour (mb/j).
Un rythme que personne n'anticipait en début d'année de la part du cartel qui avait longtemps lutté contre l'érosion des prix en organisant une raréfaction de l'offre via plusieurs coupes de production.
Une demande qui ne suit pas
L'Opep+ a en effet changé de stratégie depuis avril et favorise désormais le gain de parts de marché face à la concurrence d'autres pays, la "production des Etats-Unis, du Brésil, du Canada, de la Guyana et de l'Argentine atteignant ou (étant) proche de ses plus hauts historiques", précisait l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son dernier rapport mensuel sur le pétrole.

Cette situation contraste fortement avec une demande d'or noir "largement inchangée", selon l'AIE, qui attend une croissance d'environ 700.000 barils par jour en 2025 et en 2026.
L'Opep elle-même, généralement plus optimiste dans ses rapports, table sur une demande pétrolière mondiale qui devrait augmenter de 1,3 mb/j en 2025 et de 1,4 mb/j en 2026.
Dans ce contexte, le baril de Brent, référence mondiale pour le brut, évoluait sous les 65 dollars vendredi, une perte d'environ 8% en une semaine, plombé par la crainte d'une hausse de production importante de la part du cartel.
Un moindre mal pour la Russie
Pour la Russie, deuxième plus gros producteur de l'Opep+ derrière l'Arabie saoudite, l'ajout de 137.000 barils par jour est encore "gérable", estime Jorge Leon, précisant qu'une hausse trois ou quatre fois supérieure à cela aurait été "difficile pour le pays" et aurait questionné la cohésion de l'Opep+.

La Russie dépend des prix élevés pour financer sa machine de guerre ccontre l'Ukraine et contrairement à Ryad, le Kremlin possède un potentiel limité de hausse de sa production en raison des pressions américaines et européennes sur son secteur pétrolier.
La Russie qui produit "autour de 9,25 millions de barils par jour" actuellement, disposerait d'une "capacité de production maximum de 9,45 mb/j" contre environ 10 mb/j avant la guerre, affirme Homayoun Falakshahi, analyste chez Kpler, à l'AFP.
En outre, les frappes ukrainiennes sur les raffineries russes se sont intensifiées depuis août, provoquant aussi "l'augmentation des exportations de pétrole brut russe, car celui-ci ne peut être utilisé dans le pays", affirme Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management. Ce qui rend le pays encore plus dépendante de la vente à l'étranger de son or noir.
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