Thaïlande: le Premier ministre par intérim enclenche la dissolution du Parlement

La dissolution du parlement thaïlandais a été enclenchée mercredi, une décision qui pourrait entraîner des élections anticipées mais qui est contestée par l'opposition.
Le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai "a soumis un décret de dissolution de la Chambre", a annoncé à l'AFP Sorawong Thienthong, le secrétaire général de son parti, le Pheu Thai.
Selon la Constitution thaïlandaise, la dissolution doit encore être validée par le roi. Si tel est le cas, une élection devra être organisée entre 45 et 60 jours plus tard.
La Thaïlande peine à se donner un nouveau gouvernement depuis la destitution de sa Première ministre, Paetongtarn Shinawatra, fille du magnat et ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, tombée pour sa gestion de la récente crise avec le Cambodge.
"Une élection pourrait être la meilleure solution pour le pays car il est presque impossible de former un gouvernement normal dans ces conditions", a commenté à l'AFP Titipol Phakdeewanich, chercheur en sciences politiques de l'université Ubon Ratchathani.
Suspendue de ses fonctions en juillet, Mme Shinawatra a été destituée la semaine dernière par la Cour constitutionnelle. Elle a été accusée de ne pas avoir suffisamment défendu la Thaïlande lors d'un appel téléphonique enregistré à son insu avec l'ex-dirigeant cambodgien Hun Sen, en plein conflit frontalier entre les deux pays.

Son parti, le Pheu Thai, qui assure depuis l'intérim, cherchait le soutien du Parti du peuple, dans l'opposition, pour appuyer son candidat au poste de Premier ministre.
Mais cette formation a annoncé mercredi soutenir le magnat conservateur Anutin Charnvirakul, chef du parti Bhumjaithai, pour devenir le prochain Premier ministre.
Alliances et recomposition
Créé par Thaksin Shinawatra, le Pheu Thai s'oppose depuis 20 ans à l'élite pro-monarchie et pro-militaire du royaume mais son influence faiblit et il a des difficultés à maintenir sa position, selon les analystes.

Fort de 143 sièges au Parlement, le Parti du peuple est de son côté la première formation d'opposition.
Il soutient désormais le milliardaire Anutin Charnvirakul, ancien allié du Pheu Thai qu'il a abandonné en juin en désaccord sur l'attitude à tenir face au Cambodge.
"À partir de ce moment, former un gouvernement est essentiel, et nous comprenons que le parti cherche un moyen de résoudre les crises", a déclaré Anutin Charnvikrakul aux journalistes, ajoutant que c'était "le devoir des parlementaires" de le faire accéder à la fonction de premier ministre.
Le Parti du Peuple a annoncé qu'il voterait pour lui dès vendredi. Dans le même temps, l'un des lieutenants du milliardaire a annoncé qu'il avait saisi la justice et porté plainte contre le Premier ministre par intérim Phumtham Wechayachai, l'accusant d'abus de pouvoir pour avoir tenté de dissoudre le parlement.
Il est encore incertain que cette plainte aboutira à une inculpation.
Héritier d'une fortune dans le génie civil, Anutin avait siégé au gouvernement depuis 2019 comme vice-Premier ministre, ministre de l'Intérieur et ministre de la Santé. En 2022, il a dépénalisé le cannabis.
Responsable de la réponse au Covid-19, il avait dû présenter ses excuses après avoir accusé les Occidentaux de propager le virus dans ce royaume très dépendant du tourisme.
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