Votre navigateur (${ userBrowser.name + ' ' + userBrowser.version }) est obsolète. Pour améliorer la sécurité et la navigation sur notre site, prenez le temps de mettre à jour votre navigateur.      

Au Chili, la pêche durable peine à sauver le merlu

| AFP | 136 | Aucun vote sur cette news
Le pêcheur artisanal Rodrigo Gallardo montre un merlu pêché au large de Caleta Portales, à Valparaiso, au Chili, le 27 mai 2025
Le pêcheur artisanal Rodrigo Gallardo montre un merlu pêché au large de Caleta Portales, à Valparaiso, au Chili, le 27 mai 2025 ( RODRIGO ARANGUA / AFP )

A Caleta Portales, petit port de pêche sur la côte centrale du Chili, les bateaux rentrent souvent les cales vides: le merlu, pilier de l'activité locale, se fait rare, mettant en évidence les limites des politiques de gestion durable des ressources marines.

"Avant, c'était plein de poisson", soupire Rodrigo Gallardo, pêcheur de 46 ans. Avant de prendre la mer, il fait un signe de croix. Le vent est fort et la mer agitée.

A sept milles nautiques (13 km) des côtes, au large de la ville de Valparaiso, il déploie sa palangre, une longue ligne garnie de 2.000 sardines faisant office d'appâts. Lorsqu'il la remonte, un seul merlu s'agite au bout.

Le pêcheur accuse des années de réglementation favorisant la pêche industrielle adepte du chalutage de fond, une pratique accusée par les ONG d'épuiser les océans et de freiner la reconstitution de l'espèce.

Le merlu du Pacifique Sud (Merluccius gayi) est l'un des piliers de la pêche artisanale au Chili. Quelque 4.000 petits pêcheurs en dépendent directement.

Mais sa population a décliné de 70% en vingt ans, selon l'Institut de développement de la pêche Ifop.

Le Chili, 10e puissance mondiale de la pêche avec ses 6.000 km de côtes, a pourtant renforcé dès 2013 sa législation, en durcissant notamment son système de quotas.

Les limites de capture ont été réduites, parfois drastiquement, passant dans le cas du merlu de 121.000 tonnes en 2001 à 35.000 aujourd'hui.

Des merlus fraîchement pêchés, en vente à Caleta Portales, à Valparaiso, au Chili, le 27 mai 2025
Des merlus fraîchement pêchés, en vente à Caleta Portales, à Valparaiso, au Chili, le 27 mai 2025 ( RODRIGO ARANGUA / AFP )

Mais la situation continue de se dégrader pour l'espèce: la biomasse a reculé de 17% entre 2023 et 2024, selon l'Ifop, et de nouvelles réductions de quotas pourraient être annoncées.

Face à cette perspective, l'inquiétude monte également du côté des industriels.

Marcel Moenne, directeur de PacificBlu, prévient qu'une réduction supplémentaire des quotas ne serait "pas économiquement viable". Elle mettrait en péril les 3.200 emplois de son entreprise, qui exploite plus de la moitié des volumes alloués à la pêche industrielle.

Mercredi, le Parlement a relevé de 40% à 45% la part des quotas allouée à la pêche artisanale, réduisant parallèlement celle de la pêche industrielle, de 60% à 55%.

Largement consommée au Chili en raison de son prix abordable, l'espèce est officiellement considérée comme "surpêchée" depuis 2012. Dès 2006, une période de reproduction protégée a été instaurée chaque mois de septembre.

Plusieurs facteurs

Malgré l'ensemble des dispositifs en place, le merlu échappe au modèle chilien de pêche durable, là où d'autres espèces, comme la sardine australe, le chinchard ou la seiche, ont vu se reconstituer leur biomasse (poids total des poissons d'une espèce dans une zone donnée).

Des employés sur une ligne de traitement de merlus à l'entreprise de pêche PacificBlu à Talcahuano, au Chili, le 20 mai 2025
Des employés sur une ligne de traitement de merlus à l'entreprise de pêche PacificBlu à Talcahuano, au Chili, le 20 mai 2025 ( GUILLERMO SALGADO / AFP )

Les experts invoquent une combinaison de facteurs pour expliquer son déclin persistant: changement climatique, pêche illégale, quotas relevés trop rapidement ou cannibalisme au sein de l'espèce.

"Il n'y a pas un seul facteur en cause. C'est une combinaison d'éléments biologiques, humains et environnementaux", note Patricio Galvez, expert de l'espèce à l'Ifop. "Les gros individus peuvent se nourrir des juvéniles, ce qui complique encore la reconstitution du stock", ajoute-t-il.

Rodrigo Catalan, directeur de conservation pour le Chili au WWF, pointe la pêche illégale et la surpêche, qui "ont rendu ce poisson de plus en plus rare".

Des merlus fraîchement pêchés, en vente à Caleta Portales, à Valparaiso, au Chili, le 27 mai 2025
Des merlus fraîchement pêchés, en vente à Caleta Portales, à Valparaiso, au Chili, le 27 mai 2025 ( RODRIGO ARANGUA / AFP )

En 2023, les autorités ont saisi 58 tonnes de merlu pêché illégalement. Sa vente fraîche, très répandue sur les marchés et foires, "donne un avantage à la pêche illégale" de l'espèce et rend difficiles les contrôles, souligne le service national des pêches.

Sur le plan environnemental, "le Chili subit déjà les effets visibles du changement climatique. Chez le merlu, des changements ont été observés dans la distribution (migration vers le sud) et la reproduction", note Alicia Gallardo, chercheuse à l'Université du Chili.

Le Chili continue pourtant d'avancer sur la voie de la durabilité: plus de 40% de ses eaux sont désormais couvertes par des aires marines protégées, des zones où la pêche est censée être réglementée.

Vue aérienne de bateaux de pêche à Caleta Portales, à Valparaison, au Chili, le 27 mai 2025
Vue aérienne de bateaux de pêche à Caleta Portales, à Valparaison, au Chili, le 27 mai 2025 ( RODRIGO ARANGUA / AFP )

Le pays a aussi signé le traité des Nations unies pour la protection de la haute mer, un accord international au centre de la Conférence des Nations unies sur les océans qui se tiendra en France, à Nice, de lundi à vendredi.

Le Chili espère notamment y obtenir le soutien nécessaire pour faire de Valparaiso, sa principale ville portuaire, le futur siège de ce traité, un signal fort des ambitions du pays en matière de protection des océans et de la biodiversité.

 ■

Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Votez pour cet article
0 avis
Note moyenne : 0
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
SUR LE MÊME SUJET
Publié le 07/06/2025

Un chalutier au large de Saint-Nazaire, dans l'ouest de la France, le 19 septembre 2019 ( Loic VENANCE / AFP/Archives )Des fonds marins raclés pour pouvoir pêcher plus de poissons: le chalutage…

Publié le 05/06/2025

Justine O'Brien, responsable des sciences de la conservation à la Taronga Conservation Society Australia examine des échantillons de gamètes de corail stockés dans un réservoir cryogénique…

Publié le 03/06/2025

Le bateau de Greenpeace, qui devait rejoindre la trentaine de navires scientifiques d'ONG invités à Nice en marge du sommet de l'ONU sur les océans n'aura finalement pas le droit d'entrer dans…

À LIRE AUSSI SUR MES ACTIONS
Publié le 06/06/2025

La Bourse de New York a terminé en baisse jeudi, pénalisée par la dégringolade de Tesla sur fond de tensions entre Donald Trump et Elon Musk, en dépit de signes positifs dans les discussions…

Publié le 06/06/2025

Ce matin, Tokyo gagne 0,37%, Shanghai lâche 0,03% et Hong Kong 0,14%

Publié le 06/06/2025

Les marchés actions européens ont clôturé quasiment à l'équilibre, au lendemain de la décision de politique monétaire de la BCE. Cet après-midi, les investisseurs ont pris connaissance des…

Publié le 06/06/2025

Conformément à une décision du conseil d’administration, Odiot SA va procéder à un regroupement de ses actions. Les modalités de cette opération sont : 100 actions anciennes d’une valeur…