Dieselgate: le procès de cinq constructeurs s'est ouvert à Londres, des milliards en jeu

Le procès hors norme de cinq géants de l'automobile, dont Renault et Peugeot-Citroën, s'est ouvert lundi à Londres, dernier épisode du scandale mondial des voitures diesel truquées, les avocats des plaignants dénonçant des pratiques "générales" dans le secteur.
L'allemand Mercedes, le japonais Nissan et l'américain Ford sont les trois autres mis en cause dans cette procédure britannique, ouverte pour trois mois devant la Haute Cour, qui pourrait déboucher sur des milliards de livres d'indemnisations. Tous nient les faits.
Dans ce vaste dossier, qui a donné lieu à l'ouverture de procédures civiles et pénales dans le monde entier --par exemple en Allemagne, en France, aux Etats-Unis ou en Corée du Sud-- les plus grands fabricants automobiles sont suspectés d'avoir manipulé des véhicules pour passer les contrôles antipollution, notamment les émissions d'oxydes d'azote (NOx).
"Les infractions étaient, à bien des égards, endémiques ou générales" dans le secteur, a résumé lors de la première journée d'audience Thomas De La Mare, l'un des avocats des plaignants, reprochant aux entreprises d'avoir "préféré tricher plutôt que de respecter la loi".
"Elle ne serait pas morte"
La Londonienne Rosamund Adoo Kissi-Debrah, dont la fille de neuf ans, Ella, est morte en 2013 d'une grave crise d'asthme, depuis reconnue par la justice comme liée à la pollution de l'air, a tenu à être présente, avec une vingtaine de manifestants devant le tribunal.
"Le médecin légiste a dit que si nous n'avions pas eu des niveaux illégaux de pollution de l'air là où nous vivons, non seulement elle n'aurait pas eu d'asthme, mais elle ne serait pas morte", a-t-elle déploré auprès de l'AFP. Elle attend "des excuses" des constructeurs.
"Des millions de voitures diesel circulent encore sur nos routes et rendent nos enfants malades", ajoute, à ses côtés, Jemima Hartshorn, insistant sur la nécessité de "retirer ces voitures de nos routes".

Volkswagen, auquel le nom du Dieselgate est souvent associé, a reconnu dès 2015 avoir commercialisé plus de 11 millions de véhicules dans le monde équipés d'un logiciel détectant les phases de test pour diminuer ses émissions. Il a déjà réglé une facture dépassant les 30 milliards d'euros, dont la plus grande part aux Etats-Unis.
Le constructeur allemand avait été reconnu coupable en 2020 par la Haute Cour de Londres d'avoir mis en place un "logiciel truqueur". Sans reconnaître sa responsabilité, il avait mis fin aux procédures en réglant 193 millions de livres (222 millions d'euros).
SUV Mercedes gris
Pour Martyn Day, du cabinet d'avocats Leigh Day, principal représentant des plaignants, les indemnisations pourraient se compter en "milliards de livres".
Car l'issue du procès pourrait faire jurisprudence et s'appliquer aux autres constructeurs objets de plaintes, comme Volkswagen-Porsche, Vauxhall-Opel, Jaguar Land Rover, BMW, FCA-Suzuki, Volvo, Hyundai-Kia, Toyota et Mazda. En tout, 1,6 million de conducteurs demandent compensation dans le pays.
Adam Kamenetzky, un Londonien de 45 ans, estime quant à lui avoir été "trompé" lorsqu'il a choisi en 2018 un SUV Mercedes gris, spécifiquement parce qu'il était censé être moins polluant. Selon lui, le véhicule est en réalité bien plus nocif, ce qui fait aussi baisser sa valeur.

Sollicités par l'AFP, Ford et Mercedes rejettent des "allégations sans fondement". Renault et Stellantis, la maison-mère de Peugeot et Citroën, assurent que les véhicules vendus étaient tous "conformes" aux réglementations. Nissan n'a pas souhaité faire de commentaire.
La première journée d'audience, consacrée aux arguments des avocats des automobilistes, s'est achevée lundi en fin d'après-midi. Le procès, qui durera jusqu'à la fin de l'année, se concentrera sur la responsabilité des constructeurs.
Les conclusions auront lieu en mars avant un jugement attendu l'été prochain. Une éventuelle seconde procédure à partir d'octobre 2026 concernera les indemnisations.
■Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote