Votre navigateur (${ userBrowser.name + ' ' + userBrowser.version }) est obsolète. Pour améliorer la sécurité et la navigation sur notre site, prenez le temps de mettre à jour votre navigateur.      

Mozambique: les jihadistes sèment la panique, tactique avant le retour de TotalEnergies?

| AFP | 457 | Aucun vote sur cette news
Un policier (d) et un soldat rwandais montent la garde près du projet Total Mozambique LNG à Afungi, dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique, le 29 septembre 2022
Un policier (d) et un soldat rwandais montent la garde près du projet Total Mozambique LNG à Afungi, dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique, le 29 septembre 2022 ( Camille LAFFONT / AFP/Archives )

Avant la reprise annoncée imminente du projet gazier de TotalEnergies dans le nord du Mozambique, le groupe affilié à l'organisation Etat islamique qui mène depuis 2017 une insurrection dans cette région du pays d'Afrique australe a lancé des raids ayant causé des déplacements massifs de population ces dernières semaines.

- Un déplacement d'une rare ampleur

Les jihadistes ont revendiqué sept attaques fin juillet dans le sud de la province du Cabo Delgado, dont une première lors de laquelle ils ont exécuté six villageois.

Près de 59.000 personnes déplacées ont été recensées rien qu'autour de la petite localité de Chiure, indique à l'AFP le chef de mission de Médecins sans frontières au Mozambique Sebastian Traficante, contacté par téléphone.

La région n'avait plus connu une telle vague de déplacements depuis février 2024, d'après des statistiques de l'ONU.

Depuis le camp de transit de cette localité, M. Traficante décrit une "taille des installations insuffisante" pour accueillir dans un premier temps cet afflux "inattendu" et "massif" de personnes arrivées à pied.

"Certaines personnes ont même dormi à la belle étoile, il n'y avait pas d'endroit servant de toilettes et évidemment pas de nourriture disponible", raconte le chef de mission de MSF.

Dans le chaos, "des familles ont été séparées et ont perdu parfois leurs enfants".

Un convoi des forces de sécurité rwandaises en patrouille dans la région de Macomia, le 3 janvier 2023, dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique
Un convoi des forces de sécurité rwandaises en patrouille dans la région de Macomia, le 3 janvier 2023, dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique ( Juan Luis Rod / AFP/Archives )

"Une partie des déplacés sont arrivés plus tardivement parce qu'ils se sont retrouvés piégés entre deux endroits, relate Sebastian Traficante. Ils ont dormi dans la brousse jusqu'à ce que la sécurité soit suffisante pour marcher jusqu'à Chiure, d'après eux."

- Une zone moins protégée

Les insurgés mènent d'ordinaire leurs attaques une centaine de kilomètres plus au nord. "Les terroristes ont quitté leurs bases près de Macomia d'où ils se sont séparés en plusieurs groupes", explique à l'AFP sous couvert d'anonymat une source sécuritaire au Cabo Delgado.

"Ils ont profité d'une faible présence sécuritaire autour de Chiure pour mener des raids et piller plusieurs villages", ajoute-t-elle.

Les forces mozambicaines aussi bien que l'armée rwandaise - qui intervient en renfort depuis juillet 2021 - sont concentrées dans des districts septentrionaux, théâtres d'opérations plus habituels mais aussi plus proches du projet gazier du groupe français TotalEnergies près de Palma.

A tel point que les assaillants sont restés une dizaine de jours près de Chiure, d'après Peter Bofin, analyste de l'insurrection au Cabo Delgado pour l'ONG Acled recensant des données sur les conflits dans le monde.

"Ils y étaient au moins du 24 juillet jusqu'à l'arrivée de renforts de l'armée le 3 août, affirme-t-il à l'AFP. Entre temps, ils n'ont rencontré aucune force étatique, que ce soit la police ou l'armée."

Mieux équipées et organisées, les troupes rwandaises disposent d'une base à une cinquantaine de kilomètres au nord, près d'Ancuabe, mais ne sont pas intervenues.

- Une stratégie pour étirer

Mozambique
Mozambique ( Kun TIAN / AFP/Archives )

Cette offensive des jihadistes ne signifie pas un abandon de leurs positions au nord. "Ils sont encore là-bas", explique Peter Bofin. "C'est une action plutôt tactique et, selon nous, une tentative visant à étirer les forces mozambicaines voire rwandaises. En les étirant, il devient plus difficile de protéger le nord."

Les mouvements dans le district de Chiure, comme en février ou en avril 2024, causent aussi plus de panique et de déplacements de population que dans le nord, où la plupart des habitants sont partis, sans revenir, depuis longtemps.

"C'est ce qu'ils cherchent à provoquer", estime Peter Bofin. "Il y a quelques années dans son magazine hebdomadaire Al-Naba, l'Etat islamique écrivait que le meurtre d'un chrétien dans un village inciterait les habitants des villages environnants à fuir et mettrait les villes alentours sous pression. Ils l'ont dit noir sur blanc."

- Un effet TotalEnergies?

La reprise du projet gazier géant de TotalEnergies à Afungi est prévue d'ici la fin de l'été européen (hiver austral), d'après sa direction. L'attaque de la ville voisine de Palma en mars 2021, ayant fait plus de 800 morts dont des sous-traitants d'après l'Acled, avait provoqué son interruption.

Le projet gazier de TotalEnergies à Afungi dans le nord du Mozambique, le 29 septembre 2022
Le projet gazier de TotalEnergies à Afungi dans le nord du Mozambique, le 29 septembre 2022 ( Camille LAFFONT / AFP/Archives )

D'un investissement de 20 milliards de dollars, il doit participer - avec un autre projet conduit par l'américain ExxonMobil - à faire du Mozambique un des dix premiers producteurs mondiaux de gaz, d'après le cabinet Deloitte.

Ces dernières semaines, l'offensive des insurgés vers le sud et vers Chiure s'est accompagnée "d'une campagne de propagande assez intense menée par l'Etat islamique", relate Peter Bofin, avec une pleine page consacrée au Mozambique dans son magazine ces dernières semaines.

"Il est difficile de ne pas faire le lien avec la situation concernant l'usine de gaz naturel liquéfié", juge-t-il. "Ils savent également à quel point cette période est sensible."

 ■

Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Votez pour cet article
0 avis
Note moyenne : 0
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
SUR LE MÊME SUJET
Publié le 07/08/2025

Le président américain Donald Trump lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche le 5 août 2025 ( Brendan SMIALOWSKI / AFP )Donald Trump a imposé mercredi 25% de droits de douane…

À LIRE AUSSI SUR MES ACTIONS
Publié le 11/08/2025

La Bourse de Paris a terminé la semaine en hausse, portée par des informations de Bloomberg selon lesquelles Washington et Moscou travailleraient à un accord prévoyant la cession par l’Ukraine…

Publié le 11/08/2025

Ce matin, Tokyo gagne 1,85%, Shanghai 0,49% et Hong Kong 0,12%.

Publié le 11/08/2025

8h au Royaume-UniTaux de chômage du mois de juin11h en AllemagneIndice Zew du sentiment économique tel qu'il est perçu par les analystes et les investisseurs d'août11h en zone euroIndice Zew du…

Publié le 11/08/2025

Les marchés européens ont clôturé en ordre dispersé. La date limite fixée par les États-Unis expire demain concernant les taxes douanières sur les produits chinois. Donald Trump va rencontrer…