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"Bloody Sunday" : au procès d'un soldat britannique, le récit de "tirs injustifiés" de l'armée

| AFP | 79 | Aucun vote sur cette news
Des proches des victimes du
Des proches des victimes du "Bloody Sunday" à l'ouverture du procès d'un ancien soldat britannique, à Belfast, le 15 septembre 2025 en Irlande du Nord ( Paul Faith / AFP )

Au premier jour du procès d'un ancien soldat britannique, accusé de deux meurtres et cinq tentatives de meurtre lors du "Bloody Sunday", épisode sanglant du conflit nord-irlandais, l'accusation a décrit les tirs "injustifiés" des militaires ce jour-là.

Aucun soldat n'a jusque-là été jugé pour ce "dimanche sanglant", le 30 janvier 1972 à Londonderry, ville également connue sous le nom de Derry, quand des parachutistes britanniques avaient ouvert le feu sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant 13 morts.

L'armée britannique avait affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs de "terroristes" de l'IRA (Armée républicaine irlandaise, paramilitaires opposés à toute présence britannique sur l'île d'Irlande), une version alors confortée par un rapport réalisé à la hâte.

Malgré tous les témoignages contredisant cette version, il a fallu attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l'innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc.

Des familles et proches de personnes tuées lors du
Des familles et proches de personnes tuées lors du "Bloody Sunday" se rendent au tribunal de Belfast où s'ouvre le procès d'un ancien soldat britannique, le 15 septembre 2025 en Irlande du Nord ( Paul Faith / AFP )

Surnommé "soldat F", l'ancien parachutiste jugé depuis lundi est accusé de deux meurtres, ceux de James Wray et William McKinney, et de cinq tentatives de meurtre, lors de la répression de ce rassemblement.

En décembre, il avait plaidé non coupable devant le tribunal de Belfast.

Il comparait libre à son procès, qui doit durer plusieurs semaines.

"Intention de tuer"

Comme en décembre, il est apparu dissimulé derrière un rideau pour protéger son anonymat, ses avocats ayant fait valoir des risques pour sa sécurité.

"Les tirs étaient injustifiés. Les civils (...) ne posaient aucune menace pour les soldats et ces derniers ne pouvaient pas croire à l'existence d'une menace", a affirmé le représentant de l'accusation, Louis Mably, à l'ouverture des débats.

"Les tirs (...) ont été menés avec l'intention de tuer, ou au moins avec l'intention de causer un préjudice vraiment grave", a-t-il insisté.

Des photos des victimes du
Des photos des victimes du "Bloody Sunday" exposées au musée de Derry, le 18 janvier 2022 en Irlande du Nord ( Paul FAITH / AFP/Archives )

Avant l'ouverture de l'audience, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal en soutien aux familles des victimes a constaté un journaliste de l'AFP.

"Il nous a fallu 53 ans pour en arriver là, et nous avons surmonté tous les obstacles", a déclaré John McKinney, le frère de William McKinney, saluant "un jour crucial" dans son combat pour "obtenir justice".

Non loin de là, une poignée d'anciens combattants de l'armée britannique étaient également présents.

"Beaucoup d'anciens combattants ressentent aujourd'hui de la frustration, de la colère, et se sentent trahis", a déclaré David Johnstone, le président du Bureau des anciens combattants d'Irlande du Nord, une organisation chargée de soutenir les ex-soldats de l'armée britannique dans la province.

3.500 morts en 30 ans

Le parquet nord-irlandais avait engagé des poursuites pénales contre "soldat F" en 2019. Elles avaient ensuite été abandonnées, puis relancées en 2022.

Le massacre du "Bloody Sunday" - immortalisé par le tube du groupe de rock irlandais U2 "Sunday Bloody Sunday" (1983) - avait eu pour effet de précipiter de nombreux jeunes catholiques républicains dans les bras de l'IRA.

Des gerbes de fleurs devant le monument aux victimes du
Des gerbes de fleurs devant le monument aux victimes du "Bloody Sunday", à Derry, le 30 janvier 2022, à l'occasion du 50e anniversaire de ce "dimanche sanglant" ( Paul FAITH / AFP/Archives )

Il est l'un des moments les plus sombres des trois décennies de "Troubles" qui ont opposé républicains, surtout catholiques, partisans d'une réunification avec l'Irlande, et unionistes protestants, défenseurs de l'appartenance de l'Irlande du Nord à la Couronne britannique.

En 1998, l'accord de paix du Vendredi Saint a mis un terme à ce conflit qui a fait quelque 3.500 morts.

En 2010, à la suite de la plus longue enquête publique de l'histoire britannique qui avait reconnu l'innocence des victimes du "Bloody Sunday", le Premier ministre de l'époque, David Cameron, avait présenté des excuses officielles, qualifiant d'"injustifiables" les faits survenus ce jour-là.

Depuis la fin du conflit nord-irlandais, seul un ancien soldat britannique a été condamné: début 2023, une peine de trois ans avec sursis a été prononcée contre David Holden, qui avait tué un homme à un check-point en 1988.

Une loi très critiquée votée en 2023 sous le précédent gouvernement conservateur et baptisée "Héritage et réconciliation" a mis fin à la plupart des poursuites pénales pour les crimes commis pendant la période des "Troubles". Le Labour s'est engagé à abroger certaines dispositions.

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